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Du 22 au 25 mai, l’édition 2024 du salon Viva Technology a accueilli plus de 165 000 visiteurs et 13 500 startups. Si l’IA* occupait le devant de la scène de ce rendez-vous européen incontournable de la tech, la mobilité y détenait, elle aussi, une place centrale. Des véhicules électriques à la transition énergétique et la multimodalité, retour sur les grandes tendances qui ont marqué ces 4 journées d’innovation.
La voiture sur le devant de la scène
Pour tous les passionnés de tech et d’automobile, c’était un très bon cru ! En effet, le secteur automobile a, une nouvelle fois, marqué cette 8ème édition 2024 de son empreinte, avec d’impressionnants dispositifs réservés aux véhicules électriques.
Cela commençait dès l’entrée du Hall 2, où un mystérieux cube gris abritait la nouvelle Q6 e-tron d’Audi, à découvrir en 10 minutes chrono soit le temps d’une recharge de 250 km d’autonomie selon le constructeur. Un peu plus loin, le stand Tesla a attiré les foules venues assister à la première apparition européenne du Cybertruck, l’imposant pick-up électrique blindé dont les dimensions (environ 6 mètres de long, 2 mètres de large et 2 mètres de hauteur) éclipsaient presque les deux modèles Tesla 3 et Y à proximité.
Plus encore que l’autonomie des batteries et les temps de recharge, les constructeurs ont mis l’accent sur la qualité de l’expérience à bord avec le steer-by-wire**. Ce dispositif supprime la colonne de direction et la remplace par un système électronique. De fait, l’absence de colonne de direction mécanique ouvre de nouvelles possibilités pour l’aménagement de l’espace intérieur. Il permet aussi de réduire le braquage du volant lors du stationnement et d’augmenter la manœuvrabilité et la stabilité à grande vitesse. Autre technologie adoptée par Peugeot et dévoilée à VivaTech : le Hypersquare, volant futuriste rectangulaire à l’allure de manette de jeux vidéo et aux fonctions personnalisables. Sortie annoncée pour… 2026.
Dans les allées du salon, vous auriez pu également croiser la Lightyear 0 à panneaux solaires, échec commercial mais succès technologique pour la mobilité électrique en zones sans infrastructure de charge. Enfin, autre innovation à l’honneur, la startup française NAMX a été primée aux Élections de la Tech dans la catégorie « Mobilités et villes intelligentes » pour son SUV à double réservoir d’hydrogène dont un réservoir amovible accueillant 6 capsules d’hydrogène livrables à domicile.
Et la conduite autonome dans tout ça ? Du côté des véhicules particuliers, Peugeot présentait un système de téléguidage par opérateur d’une 308 électrique. Une solution à mi-chemin entre conduite humaine et conduite autonome pour la livraison de marchandises ou le transport de personnes, moins coûteuse et moins risquée.
Sciences des données et IA : les nouveaux incontournables
Côté IA, les véhicules électriques du constructeur turc Togg, se sont fait remarquer avec leur « jumeau digital » (digital twin). Copie parfaite issue de l’IA, le jumeau numérique est un modèle virtuel (utilisant une navigation 3D) conçu pour refléter avec précision un objet physique et permettre de simuler des situations réelles pour en anticiper les impacts avant passage à la phase industrielle. Des trajets de toutes distances sont ainsi simulés ce qui permet de maximiser l’expérience conducteur : siège, inclinaison, distance des différents équipements, accessibilité des fonctionnalités, etc.
Côté sciences des données, beaucoup reste à faire pour les collecter et les valoriser efficacement. Pour preuve, moins de 20 % des entreprises européennes exploitent les données de leurs flottes(1).
« C’est pourtant un puissant levier de transition énergétique », expliquait Salah El Hajji, co-fondateur et PDG de CleanMob qui a développé des algorithmes permettant de créer des capteurs virtuels, compatibles avec tous les modèles de véhicules, pour compléter les capteurs existants. Ces nouvelles données générées augmentent les capacités d’analyse de la flotte, et permettent d’identifier des opportunités pour réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 30 % en moyenne. Autre gain avec l’avancement de la connectivité et des technologies, l’entretien des véhicules n’est plus exclusivement réactif. Aujourd’hui, la maintenance peut être prédictive, ce qui augmente l’efficacité, la précision de la maintenance et les performances de la flotte. Ces améliorations se traduisent aussi par des économies de coûts significatives.
Envisager la multimodalité sous un angle pratique
Si la multimodalité est essentielle pour la transition énergétique, elle s’impose également comme réponse aux nouvelles attentes de la société. En France, 65 % des employés souhaitent que leur employeur s’implique dans leur mobilité(2). VivaTech a été l’occasion de démontrer que l’offre Arval Mobility Hub, combinant voitures partagées et vélos électriques, peut répondre à ces attentes sous l’angle le plus attendu : la praticité. « Avoir l’option d’utiliser différents moyens de transport à un instant T, selon le trajet et les conditions, c’est la clé du succès », explique Amira Haberah, co-fondatrice et CRO de Fifteen, fournisseurs de vélos électriques connectés. « L’impact positif sur l’environnement n’a pas besoin d’être la motivation première pour être un bénéfice. » Sans parler de l’impact positif sur la qualité de vie des employés ainsi que leur santé physique et mentale.
Développer et gérer les infrastructures nécessaires
Enfin, la mobilité pose la question des infrastructures de fourniture d'énergie pour conjuguer tous les modes de transports désormais disponibles. De 1,5 % en 2020, l’électricité devrait représenter 45 % de la consommation énergétique des transports en 2050. Une tendance de fond qui joue aussi sur l’augmentation des prix de l’énergie subie par les Européens. « L’augmentation massive de l’installation de panneaux solaires et l’électrification de l’automobile sont une révolution dans le marché, » analysait Marie-Frédérique Germain, en charge des offres mobilité transverse BNP Paribas Personal Finance lors d’une table-ronde sur le stand BNP Paribas. « Comme aux États-Unis, l’Europe s’oriente vers de nouveaux business modèles fondés sur des accords majeurs entre fournisseurs d’énergie et constructeurs. »
Dans ces conditions, la voiture électrique elle-même peut être un actif clé des marchés de l’énergie, explique Ivan Baichman, responsable stratégie chez Arval : « Aujourd’hui nous proposons à nos clients des bornes smart charging*** permettant de paramétrer les cycles de recharge en dehors des périodes de pointe et en priorisant les périodes pendant lesquelles l’électricité provient des énergies renouvelables ».
Un cas d’école en matière d’innovation technologique et commerciale pour offrir des économies d’énergie aux consommateurs tout en facilitant le déploiement d’une mobilité moins polluante.
*intelligence artificielle
**conduite sans colonne de direction
*** recharge intelligente
(1) https://www.mobility-observatory.arval.fr/barometre-des-flottes-et-de-la-mobilite-2024-0>
(2) https://www.mobility-observatory.arval.fr/sites/default/files/etude-viavoice-2023-les-nouvelles-mobilites.pdf