L’AVENIR DES MOBILITÉS URBAINES : CHALLENGES ET DÉFIS, POUR QUELS RÉSULTATS ?
Le réchauffement de la planète engage tous les secteurs économiques à réfléchir à de nouvelles façons de produire, de distribuer, de circuler. Pendant deux jours (16 et 17 octobre), à la Grande Halle de la Villette, la 4ème édition du Salon Autonomy a foisonné d’innovations, de retours d’expérience, de réflexions et de témoignages sur ce que seront les déplacements urbains dans les années à venir. Avec toutes les révolutions que ces mutations impliquent pour les secteurs économiques concernés et les collectivités locales.
Dans l’industrie automobile, notamment, la révolution est en mode « marche forcée »
Pour se conformer aux obligations de Bruxelles en matière d’émissions de CO2, à savoir une moyenne de 95g/km en 2021, sous peine de lourdes amendes par gramme de CO2 supplémentaire émis. A horizon de 2030, les constructeurs auront d’autres challenges à relever, avec une nouvelle réduction des émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs de 37,5 %. Dans une industrie européenne, forte de 13,5 millions d’emplois, la fin annoncée des véhicules thermiques au profit de l’électrique conduit à des révisions technologiques profondes et parfois déchirantes sur le plan de l’emploi.
Les constructeurs automobiles sont confrontés à un autre défi, celui d’une révolution culturelle des déplacements. Alors qu’il y a quelques années encore, leur mission première était de convaincre les clients d’acquérir un nouveau véhicule tous les trois ou quatre ans, aujourd’hui, ils doivent séduire les usagers avec de nouvelles solutions de mobilité. Un job qui, de l’avis des constructeurs, les occupent chaque minute de la journée.
Pour gagner cette bataille, plutôt que de jouer solo, mieux vaut jouer collectif.
De l’autre côté du Rhin, Daimler et BMW ont mis en commun leurs activités de nouvelles mobilités et d’autopartage, au sein de Share Now, qui déploie son activité dans une trentaine de villes avec 30 % de flotte électrique.
Pour développer les services du futur, les start-up peuvent faire gagner un temps précieux aux industriels du vieux monde, grâce à leurs innovations et à leur agilité de fonctionnement. Des jeunes pousses qui n’existaient pas, pour certaines d’entre elles, il y a trois ou cinq ans. Mais comme le rappelle Via-ID, le fonds d’investissements sur les mobilités de Mobivia, « la start-up ne doit pas être qu’un simple outil au service des industries matures. Il doit y avoir un intérêt partagé à tout rapprochement ou à toute coopération ». Le « vivre ensemble », c’est donc aussi un cas d’école dans l’économie.
Les voitures de demain seront électriques, sans aucun doute.
A terme, elles seront aussi autonomes. A Helsinki en Finlande, dix projets municipaux portent sur la mobilité urbaine, dont trois sur la voiture autonome. Si l’Europe à une réelle carte à jouer dans ce domaine, elle cède du terrain aux Etats-Unis, en raison d’une frilosité du Vieux continent sur les tests et le volet réglementaire. Outre-Atlantique au contraire, les expérimentations sur route ouverte sont plus nombreuses et concernent une plus grande variété d’usages y compris les livraisons, par exemple. Dans ce domaine, la législation suit les expérimentations et non l’inverse. Quant aux villes, elles doivent adapter leurs infrastructures à cette révolution technologique pour en retirer tous les bénéfices. Et le « driver » dans tout cela, comment analyser ses attentes face à la voiture autonome ? Quel niveau d’autonomie privilégier parmi les 5 disponibles pour gagner son adhésion ?
Les villes intelligentes qui réussiront seront celles, qui joueront la carte de la transparence et de la convergence.
Pour autant, chacune a ses spécificités et il est peu envisageable de pouvoir leur appliquer une solution « boite à outils » unique. Quoiqu’il en soit, comme le souligne la société high-tech Blue Systems, spécialisée dans la conception de plates-formes de micro-mobilités, « les grandes villes sont d’ores et déjà les architectes de la réduction de l’impact humain sur le climat ». Des plates-formes de mobilité réunissant opérateurs de transports et de mobilités, start-up technologiques, représentants des utilisateurs et des municipalités, voient le jour à l’instar de the Open Mobility Foundation (OMF), créée en juin dernier sous l’égide de la ville de Los Angeles. Parmi les nombreux challenges à relever, celui de la propriété et du partage des données recueillies par les différents acteurs de ces nouvelles mobilités.
© Arval Mobility Observatory / Autonomy