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Après covid-19 : quel avenir pour la filière en Europe ?

Marché 17 Apr 2020

D’évidence, la pandémie mondiale de COVID-19 implique une redéfinition du secteur automobile et nécessite une transformation structurelle profonde de l’industrie. C’est l’un des enseignements à tirer de pays comme la Chine, berceau du COVID-19, et où l’industrie repart progressivement après des mois au point mort. Premier constat : la demande des consommateurs chinois évolue et avec elle, c’est toute une filière qui doit repenser et structurer son offre.
 

Ce constat devrait être considéré par la filière automobile européenne, car il en va de sa survie. Fleuron de l’industrie, le secteur automobile en Europe, emploie près de 13,5 millions de personnes (source ACEA). Il y a donc une impérieuse nécessité à soutenir l’activité, alors que l’après-crise sera un véritable saut dans l’inconnu. 
 

Un secteur déjà éprouvé avant la crise

 

D’autant que, dès l’automne 2018, le secteur automobile a rencontré des difficultés. Elles se sont traduites par un très net recul de la demande chinoise et le durcissement significatifs des normes CAFE et WLTP, obligeant les constructeurs à réaliser des investissements financiers considérables afin d’atteindre les objectifs imposés par les cycles d’homologation.

 

Dans un tel contexte, le COVID-19 est un nouveau coup dur porté au secteur. Car aujourd’hui en Europe, l’activité est quasiment au point mort. D’après l’étude de KPMG, sur 103 usines automobiles européennes, 95 sont fermées depuis les mois de mars. Enfin, la plupart des canaux de ventes sont aussi à l’arrêt pour des raisons sanitaires. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, sur le seul mois de mars, la France a enregistré une baisse de ses immatriculations d’environ 72%.

 

Quant aux projections des ventes, elles sont plus pessimistes que celle de la crise de 2008-2009. En effet, les prévisionnistes anticipent un recul des ventes mondiales de 12% en 2020, alors que la crise financière de 2008 avait eu pour conséquence une baisse relative de 8% des immatriculations.

 

Une industrie qui doit se redéfinir avec l’aide de l’Etat

 

L’industrie automobile doit devenir plus agile et résiliente. Jusqu’à présent, la frénésie de la mondialisation, illustrée par les délocalisations massives, oblige à s’interroger. Enfin, la mise à la route de véhicules plus propres et la protection de la santé, s’imposent comme des critères de taille chez les consommateurs.

 

Dans ce contexte inédit, le gouvernement s’est déjà prononcé en faveur de solutions financières aux entreprises (recapitalisation des entreprises en difficulté, prise en charge du chômage partiel, report de charges), mais selon ce même rapport de KPMG, une stimulation du marché est tout aussi essentielle pour faire redémarrer l’industrie en France. C’est notamment l’une des demandes de la Plateforme automobile (PFA) qui a exhorté le gouvernement à réfléchir à un plan de relance de sortie de crise sanitaire. L’organisation professionnelle appelle à la mise en place d’outils et d’incitations fiscales pour les entreprises, notamment via des aides pour les hybrides rechargeables et des bonus pour l’électrique.

 

• Prime à la conversion 

Certains acteurs ont déjà demandé la mise en place d’une prime à la conversion dont les critères d’accessibilité seraient plus large, afin de booster le marché. Cette mise en place spécifique aurait pour conséquence selon KPMG « une augmentation du plafond d’amortissement pour accélérer le renouvellement des flottes de véhicules d’entreprise. Ce qui aurait des impacts complémentaires à ceux produits sur les particuliers. Les ventes repartiraient, les concessionnaires déstockeraient rapidement, les usines trouveraient des débouchés et l’État percevraient des recettes fiscales importantes (TVA, carte grise) ». En Chine, les autorités ont déjà prévu des exonérations fiscales et des subventions à l’achat pour redynamiser le marché.

 

• Relâcher la pression réglementaire

Comme semble le suggérer KPMG, les soutiens ou dispositifs d’aide financiers pourraient avoir des bénéfices concrets pour les constructeurs, s’ils étaient couplés avec un aménagement de la « trajectoire écologique ». Il s’agirait notamment d’alléger certaines réglementations, sans toutefois les remettre en cause. C’est le cas notamment à travers la réglementation CAFE, qui faisait d’ores et déjà peser de lourdes sanctions financières sur le secteur. Aussi compte tenu de la situation exceptionnelle, il conviendrait selon les préconisations du rapport de procurer une « bouffée d’oxygène » aux constructeurs, en allégeant la pression réglementaire.

 

Enfin, le rapport sensibilise sur l’évolution de la demande. Depuis la reprise de l’activité du marché automobile en Chine, il semblerait que les consommateurs aient de nouveaux critères pour le choix de leurs véhicules. Les règles d’hygiène et d’entretien sont devenues incontournables. Qu’il s’agisse de la location de véhicules mais aussi de l’acte d’achat, où certains équipements comme les filtres antibactériens semblent faire la différence, les consommateurs chinois ont besoin de garanties.

 

Par ailleurs, les Chinois ont montré leurs réticences à plébisciter les transports en commun, craignant une nouvelle propagation du virus. Ce comportement profite alors au retour en force de la voiture individuelle, et cette tendance, si elle se confirmait aussi en France, pourrait bénéficier au secteur automobile tout entier, à charge pour les autres mobilités (autopartage, covoiturage…), jusqu’alors très en vogue de repenser leur modèle. 

 

Lire le rapport de KPMG dans son intégralité ici

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