Innovation : des pneus sans air à l’essai

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Ne plus avoir à se soucier de la pression de ses pneus ou de devoir changer un pneu sur le bord de la route, ne plus avoir de pneus de secours à transporter ou de bombe anti-crevaison à utiliser, c’est la promesse de la technologie « sans air ».

Actuellement développés par des manufacturiers comme Michelin avec Uptis (« Unique puncture-proof tire system », soit, en français, « système de pneu unique increvable »), les pneus « sans air » sont conçus sur une base similaire à un pneu conventionnel, avec une structure extérieure en caoutchouc et des jantes composites en polymères plastiques. La différence réside dans la bande de roulement : celle-ci n’est pas soutenue par de l’air comprimé, mais par une structure en polymère thermoplastique. Ce sont des rayons en polyrésine flexible à haute résistance qui portent la charge du véhicule.

En premier lieu, elle élimine le risque de crevaisons, de dégonflage, d'usure due au sur-gonflage ou au sous-gonflage, et même d'explosion du pneu.
L’autre bénéfice est d’ordre écologique, avec une possible incidence économique. L’utilisation de pneus « airless »^*  pourrait réduire le nombre de pneus endommagés jetés chaque année dans le monde. En effet, Michelin estime à 200 millions le nombre de pneus mis au rebut chaque année du fait d’une crevaison ou d’une usure liée à une pression mal adaptée. L’utilisation de pneus sans air réduirait ce chiffre, et avec lui, le taux de remplacement des pneus. L’incidence sur les coûts et les économies réalisées par les flottes d’entreprise dépendront ensuite du prix d’acquisition de ces pneus qui sera déterminant pour la diffusion de cette innovation.

Les prototypes développés par les manufacturiers font aujourd’hui l’objet de tests en conditions réelles. Depuis juin dernier, Michelin collabore avec La Poste : dans les Hauts-de-France, une quarantaine de véhicules utilitaires exploités pour des livraisons du dernier kilomètre, principalement en milieu urbain, ont été équipés de ces pneus nouvelle génération. Le pneu pourrait ensuite être lancé dès 2024. À Singapour, l’entreprise DHL procède à une expérimentation similaire.

Les premiers retours sont très positifs et encourageants. À l’usage, le conducteur ne semble pas percevoir de différences notables par rapport à des pneus conventionnels. Et surprise visuelle, le pneu se déforme lorsque le véhicule monte sur un trottoir, ce qui ne manque pas d’interpeller les piétons.

Michelin, Toyota, Bridgestone et Goodyear figurent parmi les manufacturiers travaillant au développement de ces pneus airless. À suivre de près donc.