L'électrique dans le secteur public : où en est-on ?

Marché 24 Février 2025

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Le 6 février dernier, l’édition 2025 des Rencontres Flotauto a bien entendu mis l’accent sur l’électrification. À l’occasion de la conférence « Secteur public : quels retours sur le véhicule électrique ? », retour sur l’un des moments forts consacré à l’électrification des flottes publiques, en compagnie de Frédéric Quintin, Directeur Commercial Public LLD (groupe Arval).

Frédéric Quintin partage le même constat aux côtés de deux responsables opérationnels, Olivier Valenchon de la Mission mobilité de l'État et Benoît Labrune, chef du parc automobile de la métropole de Limoges : les flottes publiques ne cessent de s’électrifier, mais plusieurs freins subsistent pour atteindre les objectifs de la réglementation.

Les flottes publiques, fer de lance de l’électrification ?

Le secteur public a été l’un des tout premiers secteurs concernés par l’électrification de ses flottes, ne serait-ce que pour donner l’exemple. C’est d’ailleurs l’esprit de la trajectoire fixée par la loi Climat et Résilience du 20 juillet 2021(1), avec une ambition plus importante pour les flottes des acteurs publics : pour les collectivités territoriales et les établissements publics, la loi fixe le quota de renouvellement annuel en véhicules à faibles émissions à 40 % depuis le 1er janvier 2025.
Et si certains acteurs publics n’ont pas rempli l’obligation fixée pour 2024, la flotte publique d’Arval est loin d’être en retard. Frédéric Quintin témoigne d’une forte accélération fin 2024 avec une part de 30 % de véhicules électriques légers, avant d’ajouter «on voit même que l'état montre l’exemple dans cette transition énergétique puisque, sur un peu plus de 1 000 commandes passées en Janvier 2025, le seuil de 48 % en BEV a été atteint ».

Sur la durée, des coûts en faveur de l’électrique

Avec le recul qu’offre maintenant le marché de l’électrique, les trois intervenants présents confirment que si le prix d’achat reste plus élevé que le thermique, l’électrique se rattrape sur la durée : à la fois sur le coût de la révision dans un rapport de 1 à 2,5 en moyenne grâce à un entretien simplifié, et sur le long terme, au niveau de la technologie des batteries qui se révèle très fiable. Si une voiture électrique roule régulièrement et longtemps, son TCO(2) est bien meilleur que celui d’une thermique. « Ce qui est vrai pour une voiture neuve et encore plus sur les véhicules d’occasion » s’est félicité Frédéric Quintin. En disposant de voitures électriques avec une  batterie fiable, nous sommes en capacité aujourd’hui de proposer des véhicules reconditionnés avec un loyer inférieur au neuf de 20 %.
Enfin, autre avantage de l’électrique : plus le véhicule est rechargé sur site ou à domicile, notamment la nuit en heure creuse, plus il est compétitif sur l’énergie. Dans ces conditions, le coût de la recharge revient à environ 0,20 euro par kWh. Moins qu’en itinérance où la recharge s’élève à 0,59 € par kWh, et encore moins que le litre de carburant.

L’essayer, c’est l’adopter

À ces critères très objectifs, s’ajoute celui du confort de conduite qui a conquis plus d’un conducteur. Frédéric Quintin est le premier à souligner cette tendance expliquant que les utilisateurs de l’électrique demandent rarement à revenir à la voiture thermique, et qu’ils acquièrent très vite les nouveaux réflexes de la conduite électrique. Côté gestionnaires de flotte, ils ont conscience que le périmètre d’utilisation d’un véhicule est rarement supérieur à 500 km, et ne pose pas de problème d’autonomie du véhicule. En revanche, pour poursuivre la généralisation de l’électrification des flottes publiques, quelques freins restent à lever. 

Les bornes, une difficulté à intégrer

En résumé, les intervenants ont expliqué « qu’acheter un véhicule électrique, c’est facile. Le recharger l’est beaucoup moins ! ». Il reste une grande complexité à équiper les parkings des flottes publiques d’autant que, le secteur public est très souvent locataire des lieux où il opère, et n’est donc pas maître de la décision des travaux et des délais de la copropriété. Un sujet parfois compliqué pour les gestionnaires du secteur public souvent à la tête de petits parcs. Il est alors très utile de remonter à l’échelle départementale, voire régionale, et de s’adresser aux secrétariats généraux communs pour avoir une vision d’ensemble, et partager l’information voire l’investissement.

Les VUL : des freins à lever 

Pour les Véhicules Utilitaires Légers, leur coût de départ est plus important pour une charge utile moindre ; la crainte d’une autonomie insuffisante durant le déplacement est encore plus prégnante et, enfin, le réflexe de brancher le véhicule pour la recharge de nuit n’est pas encore acquis. Les VUL électriques doivent encore convaincre les flottes publiques.

Un mot d’ordre : accompagnement !

L’un des intervenants souligne que « transformer une flotte thermique en électrique, ça se prévoit. Ce n'est pas du court terme, c'est du très, très long terme », c'est une vraie gestion de projet. Ce n’est pas juste le remplacement d’une voiture thermique par une électrique. Il faut rapidement impliquer les services financiers parce que le parc est plus cher, et la gestion immobilière parce qu'il faut installer les bornes. Et pour réussir le projet, il est important de sensibiliser les utilisateurs une fois les véhicules électriques livrés.

Frédéric Quintin explique ainsi qu'une grande partie de son travail consiste à être à côté du conducteur, lui faire essayer le véhicule, le rassurer, expliquer comment fonctionne un véhicule électrique. Il faut accompagner toutes les premières prises en main, la formation est indispensable. Un point déterminant pour pouvoir poursuivre sereinement l’électrification de ces flottes, conformément à leurs obligations réglementaires !
 

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(1)Pour l’État et ses établissements publics : jusqu’à fin 2026, au moins 50 % des véhicules renouvelés annuellement doivent être des véhicules à faibles émissions (VFE). À partir de 2027, cette part minimale est de 70 %.
Pour les collectivités territoriales, leurs groupements, et leurs établissements publics : jusqu’à fin 2024, au moins 30 % des véhicules renouvelés annuellement doivent être des VFE. À partir de 2025, cette part minimale est de 40 %.

(2)Total Cost of Ownership : Coût Total de Détention.

 

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